Politics and ethics are closely linked in many ways. One such link is the central but still contentious notion of the person. Take the case of today’s European Union. Most basically, member states disagree on what and who persons are. This EU paradox may be resolved when political debates about sovereignty’s limits expand to include ethical discussions of the nature of persons. The aim of this paper is to point in the direction of an account of the person that will support proper understandings of those ethical, and not just political, values that the Preamble of any eventual European Union constitution will need to entrench tomorrow.

La France compte au XVIIe siècle de grands analystes de la société. Servis par une prose précise, fluide et inventive, ces anthropologues sont aussi des métaphysiciens. Parmi eux, citons Bossuet, Fénelon et La Bruyère, puis, à cheval sur le XVIIe et le XVIIIe siècles, le duc de Saint-Simon. La Bruyère et Saint-Simon nous peignent la fin du règne de Louis XIV. Elle est marquée par le début d’une période glaciaire dévastatrice pour les paysans et par la révocation de l’édit de Nantes qui appauvrit la France. Leur liberté de ton et leur sévérité, quand ils écrivent au roi, rendent leur tableau vrai, poignant et plein d’utiles leçons pour notre temps.

La liberté humaine a besoin des institutions justes où chacun accepte des disciplines communes pour réaliser des projets communs. Si ces institutions ne sont pas établies, les gens ont raison de se révolter. Mais, comme la révolte en 1968, cette critique reste souvent « messianique » sans devenir vraiment politique ou pratique. Or aujourd’hui des philosophes « messianiques » ont insisté sur l’opposition contre l’Etat de droit comme la vraie manière de critiquer la société. Cependant s’il faut réaliser une communauté politique cosmopolite, il faut lutter pour des institutions juridiques internationales et transnationales et par là transformer les bonnes intentions en politique.

A characteristic feature of the 21st century is that every important thing is invisible: boundaries, technological risk, global warming, etc. In Eco-ethica, a new ethics in contrast to Aristotle’s Nicomachean Ethics must be developed with respect to these invisible realities. What should we do to demolish the nuclear facilities at Fukushima? This is a question of “technica negativa”, the invisible process of demolition. The problem must be examined through ethics, Kant’s legal thinking and, finally, politics. Habermas’ idea of “solidarity” is fruitful here because he insists on civic democracy at a transnational scale. This idea may be linked to a new form of cosmopolitanism.

L’originalité de cet article porte tant sur l’approche que sur l’actualité du problème choisi. Il croise sciences politiques (quantitatives et comparatives) et théorie politique, pour traiter de la montée d’une citoyenneté critique. Il analyse ses formes et passe ensuite à une critique plus étayée et philosophique. Ces deux types de résultats ne se recouvrent que très partiellement. Principalement focalisée sur des questions d’identité, la majeure partie des travaux en philosophie politique passent à côté de ce qui constitue le coeur de l’exercice politique. L’article propose alors de considérer des formes de responsabilités, notamment dans l’Union européenne, permettant d’affronter cette critique réactive.

This paper tries to answer the question: why did Paul Ricœur keep a nearly total silence after 1963 about Soren Kierkegaard, and was there from the beginning a reticence with regard to Kierkegaard? An answer can be found in the beginning of Ricœur’s work, in his first book written with Mikel Dufrenne on Karl Jaspers et la philosophie de I ’existence. This book that is full of references to Kierkegaard also shows that it was Jaspers’ particular appropriation of the Danish thinker that affected him. But, like Jaspers, Ricœur became too preoccupied with external historical, social and political life to be a true disciple of Kierkegaard.

Cet article s’efforce de montrer quelles sont les ressources anthropologiques de la philosophie ricœurienne de l’acte pour penser une articulation vivante de l’éthique et du politique qui évite l’impasse que représente l’idée d’un divorce complet entre idéalisme moral et réalisme politique. Pour ce faire, il tente de définir la démarche centrale de l’herméneutique de Ricœur comme celle d’une réappropriation réflexive et critique de l’affirmation éthique originaire dont le but ultime est de redéployer le parcours entier de la liberté et des institutions.

Paul Ricœur is rarely considered as a political thinker by his commentators. However, the question of power is constantly present in his thinking. The paper aims at retracing the main lines of Ricœur’s political project. Being instructed by the twentieth century totalitarianisms, he attacks systematicism in politics with “systematicity”, relying on the strength of political paradoxes. This argumentative form invites us to renounce claiming a knowledge and to connect politics with ethics through a practical wisdom. Ricœur’s reflection gives us keys for understanding today’s politics. His criticism of “minimal policies” may in particular be addressed to neoliberalism.