Des philosophes des Lumières, CONDILLAC est celui qui a le plus réfléchi sur la question du langage. Ce dernier est d’abord, pour lui, la condition de la pensée. Progressivement CONDILLAC en vient à considérer le langage comme une méthode d’analyse permettant l’accès aux sciences. Puis, devant les déficiences des langues naturelles, il considèrera les sciences elles-mêmes comme des langues bien faites et concevra le projet de créer, pour chaque science, sa langue. LAVOISIER, s’inscrivant dans cette perspective, créera la chimie moderne en cherchant une nomenclature rendant compte des processus chimiques. Ceci n’est pas sans évoquer la tentative whiteheadienne de créer un nouveau schème catégorial capable de rendre compte du réel dynamique.

La cosmologie organique de Whitehead entend restaurer l’unité du monde. Chaque entité actuelle est marquée par une créativité orientée qui se manifeste par un devenir ou concrescence vers la « satisfaction ». Dans le cadre des sociétés humaines, le processus de concrescence dépend de médiations telles que la figure du processus d’individuation suivant trois grandes voies d’intensification. L’approche esthétique de l’oeuvre de Whitehead suggère une voie d’intensification structurée par la triade « Adventure », « Beauty » et « Peace ». L’approximation de la propre trajectoire de Whitehead laisse entrevoir un mystique dont le processus d’individuation et la connaissance de la nature convergent vers une expérience du sublime qu’il nomme « Peace ».

Il s’agira ici de saisir les enjeux de la pratique « ethnopsy », c’est-à-dire ethnopsychiatrique et ethno-psychanalytique. Pour ce faire, on définit tout d’abord les prémisses de notre discussion, puis on repose la question de la nature de l’alliance entre ethologie et psychologie lato sensu et plus particulièrement de sa lecture deleuzienne, enfin on cherche à dépasser le clivage pré- et postmoderne à l’aide du concept de syntonie.